Représentation moqueuse et caricaturale des afro-americains
Au début du XXe siècle les personnes de couleurs apparaissent uniquement comme étant des personnes ignorantes, naïves ou encore sauvages et brutales.
Ci-dessous, sont regroupés différents types de personnages qui representaient les hommes noirs dans les films américains au XX° siècle.
Le Coon ou moricaud
Le terme Coon vient de l'anglais racoon qui signifie raton. Cette appellation déshumanise donc l'homme de couleur qui est montré comme étant ignare, immature, fainéant et dénué de courage.
Exemple de film: Wooing and
wedding of a coon (1905); The masher (1907).
La tragic mulatto
Personnage d'une femme métisse qui agit comme une femme blanche menant une vie paisible et joyeuse, jusqu'au jour où elle découvre ses
origines africaines. C'est alors pour elle la pire des situations qu'elle pouvait connaître. Elle sombre ainsi dans l'alcool, devient dépressive et se
trouve coincée dans un tel désespoir qu'elle finit souvent par mettre fin à ses jours.
Ce personnage était aussi bien interprété par des actrices métisses que par des actrices blanches. Par exemple Dorothy Dandridge, une femme métisse qui fut la premiere actrice de couleur a faire la couverture de Life et à enlacer publiquement un acteur blanc.
La mulatto n'est pas un simple personnage de film, car en effet a cette époque les femmes métisses subissaient des préjudices racistes et étaient
la cible des harceleurs sexuels.
Exemple de film: The debt (1912); In Humanity's cause, In slavery days, The octoroon (1913); Within Our Gates (1919).
Le Buck
Un criminel sauvage perçu comme un animal. La brute de couleur est surtout connue pour être un violeur de femme
blanche.
La caricature de la brute était en fait un mythe inventé et utilisé pour justifier les lynchages qui permettaient le
contrôle des personnes de couleurs en les terrifiant. Ce mythe est apparu à l'époque de la reconstruction et s'est répandu à travers les décennies.
Exemple de film: La naissance d'une nation, (1915).
Le Tom
Homme âgé de couleur, souvent cuisinier ou serveur. Il est loyal envers les blancs et toujours souriant alors qu'il
subit de nombreuses violences physiques. Il travaille dur.
Exemple de film: La Case de l'oncle Tom (1903); Autant en emporte le vent (1939).
La mammy
Représentation d'une servante noire
imposante et maternelle, dévouée à la famille blanche qu'elle sert au point de
ne pas vouloir la quitter.
Exemple de film: Autant en
Emporte le vent (1939).
Un tournant dans l'histoire des personnes de couleurs au cinéma: l'image de la brute noir
The birth of a nation
En 1915, D.W Griffith réalise « Naissance d'une
nation » inspiré du roman The Clansman de Thomas F. Dixon qui peint le récit du viol d'une femme blanche par une brute de couleur. Ce film marque un tournant de l'image des personnes de couleur. En effet D.W Griffith met en scène le « bon nègre » mais aussi le mauvais (la brute).
C'est donc à ce moment là qu'apparait une nouvelle façon de représenter les personnes de couleurs : Le Buck ou la brute.
To Kill a Mockingbird
Un grand film du cinema americain reprend ce mythe, Du silence et des Ombres de Robert Mulligan réalisé en 1962, adaptation du roman d'Harper Lee. Il raconte l'histoire d'Atticus Finch, un avocat commis d'office pour la défense d'un noir accusé d'avoir violé une femme blanche.
L'apparition des Race Movies
Face à toute ses caricatures négatives, certains réalisateurs ont tenté de redorer l'image des afro-américains
Par exemple, en 1918 Emmett j.Scott et John W.Noble produisent The birth of a race en réponse au film ouvertement raciste : Naissance d'une nation de 1915.
Arrive en 1916 les Race Movies, des films créés par des noirs destinés aux noirs.
Au lendemain de la première guerre mondiale environ 150 compagnies de production de Race movie se créent dont la Black Western Film Company, la Colored Players Film Corporation et la plus célèbre : la Lincoln Motion Picture Company.
Mais parmi ces 150 compagnies seulement la moitié ont produit des films, les autres ont manqué de financement. Ainsi, il y a de plus en plus de salles de cinéma réservées au public noir.
Le premier Race Movie parlant est The Exile réalisé par Oscar Micheaux en 1931.
Portrait:
Oscar Micheaux est le
réalisateur de Race Movie le plus célèbre. Il en réalisa une quarantaine de 1916 à 1948.
Sa carrière est divisé en deux périodes. Une première, celle des films muets, où il n'hésite pas a dénoncer les injustices comme les viols et le lynchage que subissaient les personnes de couleurs et évoque aussi des sujets encore plus tabous comme l'amour entre une personne noire et une personne blanche ou le passing ( lorsque un homme de sang afro-américain ayant la peau très claire se fait passer pour un blanc). Puis une seconde période qui débute lors de l'apparition du cinéma
parlant où Oscar s'oriente vers un cinéma plus hollywoodien.
Info:
La ségrégation raciale aux États-Unis (1875-1967) : période qui fut imposée après la période dite de reconstruction (faisant suite à la Guerre de Sécession et se terminant avec le
compromis de 1877 qui met fin à l'occupation des ex-États confédérés par les
troupes du Nord). Après une décennie pendant laquelle la situation politique et
sociale des anciens esclaves noirs s'améliora, les lois Jim Crow instaurent une
véritable ségrégation. Comme l'esclavage avant elle, cette ségrégation raciale
est basée, idéologiquement, sur les doctrines raciales de l'anthropologie du XIXe
siècle, et pratiquement sur l'intimidation des Noirs par la violence (entretenue notamment par l'organisation suprématiste blanche : le Ku Klux Klan, née au lendemain de la
guerre, mais dont la première incarnation fut assez éphémère). En 1896, la Cour suprême légitime cette nouvelle législation, en formulant la doctrine "separate but equal" (« séparés mais
égaux »), de mêmes sources idéologiques que l'apartheid instauré plus
tard en Afrique du sud.
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